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Un hiver 2022-2023 sous le signe de la sobriété énergétique

Chapô

Alors que l’hiver 2022-2023 s’est achevé depuis quelques mois, des réductions de consommation d’électricité importantes ont été constatées tant pour les ménages que pour les collectivités ou les entreprises. Ces baisses pourraient s’inscrire dans la durée : la consommation début mai 2023 est inférieure de 6,6 % à la moyenne de la même semaine sur les quatre années précédentes. Retour sur des pratiques de sobriété énergétique qui semblent s’installer depuis 2020, entre crise et transition.

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Une baisse de consommation record pour l’hiver 2022-2023

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Avec la hausse du prix de l’énergie et les incitations à la sobriété, l’hiver 2022-2023 a été marqué par une réduction notoire de la consommation électrique. Une baisse inédite en comparaison des quatre hivers précédents qui, sur la même période du 1er septembre au 31 mars, enregistre le plus faible niveau de consommation. En comparaison de l’hiver précédent, 2021-2022, ce sont 13,8 TWh économisés cet hiver, soit -5,6%. Pour isoler l’effet de la sobriété, des corrections ont été apportées aux données pour neutraliser les effets contextuels tels que le climat et la pandémie Covid sur l’hiver 2021-2022.

Une diminution exceptionnelle qui concerne les trois secteurs couverts par Enedis : le résidentiel (c’est-à-dire les logements des ménages), les entreprises (structures nécessitant une puissance supérieure à 36 kVA comme les grandes surfaces, les galeries marchandes…) et les professionnels (dont les petits commerces, les panneaux publicitaires et l’éclairage public). C’est toutefois du côté des ménages que les économies réalisées sont les plus importantes en consommation1 (-5,8 TWh soit -5,5% en volume sur l’hiver) avec certainement un moindre recours au chauffage. Une baisse due d’une part aux écogestes, et d’autre part à la conjoncture économique. Sur les autres secteurs, cette baisse peut être due à plusieurs facteurs dont, par exemple, la hausse des prix de l’énergie cet hiver.

1 A noter : pour obtenir la consommation totale, il faut aussi considérer les pertes sur le réseau Enedis ainsi que la consommation des ELD (les Entreprises Locales de Distribution sont des entreprises en charge du service public de la distribution de l'électricité sur leur zone de desserte exclusive. Elles correspondent aux distributeurs non nationalisés dans la loi du 8 août 1946).

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Le plus faible niveau de consommation électrique, en comparaison des 4 hivers précédents.
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Du côté des ménages, une baisse davantage localisée dans le sud du pays

… et plus particulièrement sur les côtes méditerranéenne et atlantique. Ainsi, la réduction de la consommation énergétique dans le Var, les Bouches-du-Rhône, les Pyrénées-Orientales et les Landes avoisine les -10%. Une baisse imputable à un taux d’équipement plus important en chauffage électrique, et à la moindre utilisation de ceux-ci cet hiver. À l’inverse, les foyers résidant dans les départements du Nord et du Nord-Est, avec un taux d’équipement en chauffage électrique plus faible, disposent de moins de leviers pour baisser leurs consommations d’électricité, à l’image de la Moselle qui enregistre une baisse de seulement -2,5%.

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Une baisse de consommation électrique des ménages qui traduit un taux d'équipements en chauffage électrique différent entre territoires.
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L’éclairage public comme source importante d’économies d’énergie des collectivités

Des efforts importants ont été réalisés par les collectivités en matière d’éclairage public. Un pilotage plus fin entre 22h et 5h30 a permis de réduire la puissance moyenne de l’éclairage public de 33% en cœur de nuit, entre mars 2022 et mars 2023. Une pratique de sobriété énergétique qui tend à se généraliser comme le montre l’étude menée par l’Institut CSA pour Enedis en octobre 2022, soulignant que 68% des 500 maires interrogés déclarent éteindre les équipements publics après 22h et, parmi ceux qui n’appliquent pas encore cette disposition, 15% ont l’intention de le faire prochainement.

 

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Les économies d’énergie, variable d’ajustement en temps de crise

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Les ménages français, entre inquiétude et inflation

Durant cette période hivernale, la hausse du coût de l’énergie et l’inflation ont mis en difficulté la majorité des Français, qui, dès l’été, s’apprêtaient à vivre un hiver particulièrement difficile. 57% d’entre eux déclaraient avoir des difficultés pour faire face à cette crise et 85% se disaient inquiets de la hausse des prix sur leur mode de vie, selon l’étude Hiver à haut risque réalisée par l’institut d’études Yougov pour l’ONG Destin Commun. Ainsi, et ce, malgré le bouclier tarifaire annoncé par le gouvernement, 37% des Français prévoyaient de « réduire leur budget énergie » pour faire face à l’augmentation du coût de la vie. Il s’agit de la 4e stratégie mentionnée derrière « limiter les dépenses non essentielles », « chercher les bonnes affaires » et « limiter ses sorties ».

Des écogestes bien acceptés et de plus en plus pratiqués

Alors que des campagnes de sensibilisation aux potentielles coupures d’électricité ont eu lieu cet hiver, le Gouvernement a de son côté multiplié les incitations citoyennes à la sobriété avec notamment sa campagne “Chaque geste compte”. Le chauffage, principal poste de consommation des ménages, était appelé à ne pas dépasser les 19 degrés. Une mesure que 63% des Français jugent justifiée selon l’étude IFOP réalisée au cœur de l’hiver portant sur les attitudes et comportements des Français vis-à-vis du chauffage

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63%
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des Français jugent que la « règle » de chauffer à 19 degrés proposée par le gouvernement est justifiée (étude IFOP – octobre 2022)

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On note également un regain d’intérêt pour les écogestes, qui sont de plus en plus pratiqués par la population ces 2 dernières années. Outre éteindre les lumières quand ils sortent de la pièce (72% des Français, contre 57% en 2020), la moitié des Français déclarent baisser ou éteindre le chauffage en cas d’absence de plus de 48h, baisser la température la nuit, et moins chauffer les pièces inoccupées selon le baromètre annuel de référence de l’ADEME.

Des écogestes dont la pratique au sein de la population est cependant très hétérogène et révèle un clivage générationnel avec une forte variation selon les classes d’âge. Ainsi, 41% des 25-34 ans disent baisser ou éteindre le chauffage en cas d’absence de plus de 48h contre 62% chez les 65 ans et plus. Un écart que l’on retrouve pour l’ensemble des petits gestes du quotidien visant à baisser la consommation énergétique des logements résidentiels.

 

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