Tout savoir sur la pointe de consommation électrique

L’hiver dernier, la pointe de consommation électrique a été atteinte le 12 décembre 2022 à 19h30 : 82 GW de puissance ont alors été appelés sur le réseau, soit 30 % de plus qu’un jour d’hiver normal. Cette très forte demande met le système électrique à rude épreuve.

Plusieurs facteurs entrent en jeu pour expliquer la pointe de consommation électrique. Le premier est bien sûr la météo. Plus la température baisse, et plus la demande d’électricité augmente. Les logements, mais aussi les bureaux, les commerces ou encore les cafés, hôtels et restaurants ont besoin de se chauffer davantage. Ainsi, en-dessous de 15°C, une diminution de 1 degré de la température moyenne nationale pendant deux jours entraîne une hausse de la demande d’électricité de 2,1 GW sur le réseau Enedis, soit l’équivalent de deux tranches nucléaires. On note que la demande augmente aussi avec la chaleur en été, du fait de la climatisation.

*La température lissée désigne la moyenne pondérée sur deux jours des températures d’un panel de 32 stations météo.
Source : Enedis. Données de consommation électrique au périmètre d’Enedis de janvier 2018 à juin 2023.

La météo n’est pas la seule raison, d’autres facteurs influent sur la consommation électrique. La demande en électricité est plus importante en semaine, hors congés, car il s’agit de jours ouvrés : les entreprises et les commerces sont en activité. La conjoncture peut aussi avoir son effet : un prix de l’énergie en hausse incitera les consommateurs à faire des économies d’énergie tandis qu’un événement exceptionnel comme le Covid, avec la fermeture des commerces et des bureaux, fera mécaniquement baisser la demande du secteur tertiaire et fera légèrement augmenter celle du secteur résidentiel.

Ainsi, à mois, jour de la semaine, et température égale, les écarts de puissance appelée peuvent être importants. Un mardi matin de fin janvier, la consommation était de 64 GW en 2019... contre seulement 60 GW en 2022.

Pour faire face à l’importante demande d’électricité en hiver, différentes actions sont possibles. Chez soi, de bonnes habitudes peuvent être prises, comme mettre la température de consigne de son chauffage à 19°C, la baisser quand on quitte son logement ou encore éteindre les lumières.   

De manière exceptionnelle, des gestes plus importants permettraient de réduire ponctuellement les risques lors des pics de consommation. Ainsi, les ménages pourraient déclencher leur chauffage électrique avant, puis après le pic de demande attendu. De même, ils pourraient décaler dans le temps le fonctionnement de leurs lave-linges, lave-vaisselles et appareils de cuisson. Ils pourraient aussi utiliser leurs ordinateurs, tablettes ou téléphones sur batterie plutôt que sur secteur. L’ensemble de ces gestes permettrait d’économiser environ 4 GW au moment critique.

Pour les professionnels aussi, des gestes sont possibles pour modérer la consommation. Les entreprises sont incitées à agir particulièrement sur le chauffage électrique pour limiter leurs consommations, qui peuvent augmenter jusqu’à 30% en période de pointe. C’est là que réside le plus grand gisement d’économie, puisque la consommation dite « thermosensible » (dépendant de la température) augmente, elle, de 70 % lors d’épisodes de froid. C’est surtout vrai dans les bureaux, mais aussi dans les commerces et dans une moindre mesure dans les cafés, restaurants et hôtels.

Source : Enedis (hiver 2022-2023). Le périmètre du secteur tertiaire correspond ici à huit branches d’activité, dont la consommation est caractérisée par des usages liés aux bâtiments, et non à des procédés industriels : administration bureaux, commerce, cafés hôtels restaurants, enseignement recherche, santé action sociale, habitat communautaire, sport culture loisirs, et bâtiments liés au transport.

D’autres mesures ponctuelles sont possibles. L’hiver dernier, au plus fort de la crise énergétique, des centres commerciaux et des gymnases avaient par exemple décidé de couper l’eau chaude dans leurs toilettes. Ces gestes ne doivent pas empêcher les mesures structurelles, comme la rénovation énergétique des bâtiments, ou le déploiement de systèmes de gestion technique des bâtiments.

Les besoins en électricité à la belle saison augmentent pour climatiser et ventiler les bâtiments. Dans certains départements du sud de la France, comme le Var, les Pyrénées-Orientales ou encore les Landes, plus de 10 % des « postes sources » (ouvrages électriques permettant de relier le réseau public de transport d’électricité au réseau public de distribution d’électricité) connaissent leur pointe annuelle en été, ainsi que l’a constaté Enedis. L’appel de puissance maximal peut ainsi avoir lieu pendant les périodes de canicule. Un phénomène nouveau qui pourrait s’amplifier avec le développement accru de la climatisation et son utilisation importante pendant les vagues de chaleur, et qui pourrait être en partie compensé par la production photovoltaïque durant la journée*.

*A titre de comparaison, 550 terrains de football de panneaux photovoltaïques correspondent environ à la puissance d’une tranche nucléaire.